La fin heureuse du Titanic [atelier d’écriture]

Alors que nous allons bientôt visiter l’exposition parisienne sur le Titanic, j’ai souhaité proposer un exercice amusant aux participantes de l’atelier d’écriture de ce samedi 15 juillet 2023. D’abord, sans parler du thème du “Titanic”, nous avons évoqué la fin. Nous souhaitons un nouveau monde ? De nouvelles énergies ? Alors comment imaginer une belle fin ?

Nous avons tous ou quasi tous vu ce film, comment pourrions nous voir une fin plus heureuse ? Chacun peut prendre le point de vue qu’il souhaite, reprendre l’histoire à partir de la fête sur le bateau, du choc avec l’iceberg ou de la planche qui sauve Rose…

La version de Shushan

Titanic: la fin

Le temps passe, le désespoir gagne les passagers, la panique règne, elle s’amplifie. Le vieil homme de la cabine 103 cherche sa femme, il hurle son nom et se débat dans l’eau, elle lui arrive à la taille. Le voilà déjà presque immobilisé lorsqu’il sent des bras forts le soulever pour l’emmener dans l’escalier de fer.

Sur le pont arrière, Jack et Rose enlacés, prêts à périr ensemble, observent l’horreur. Un bruit aussi assourdissant que soudain les sépare, des craquements de plus en plus intenses grondent, des planches volent en éclat, le paquebot se déchire, la partie avant sombre avec tous les passagers restés sur le pont. La nuit absorbe la gigantesque coque. L’océan noir et glacial l’a engloutie.

Les deux amants seuls à l’arrière du pont semblent glisser vers le néant à leur tour. Soudainement, une planche large et longue se détache, leur offrant un refuge inespéré pour rejoindre le canot qui déjà s’éloigne.

Jack empoigne sa bien-aimée d’une main de fer tout en s’accrochant à cette planche de salut de l’autre.

Rose se laisse empoigner et agrippe ses bras autour du cou de son bien-aimé. La peur de le perdre, le souvenir de leurs chauds ébats de ces derniers jours, la transcende. Bien qu’enlacés, tous deux liés à la vie à la mort, Jack garde la tête froide et attrape la planche, elle tient bon.

Leurs corps à moitié immergés, Jack tient sa bien-aimée, et donne des jambes pour se maintenir en direction de la chaloupe. Rose s’accroche de plus belle et repousse l’eau de son autre main forte, déterminée.

Les deux deviennent une seule et même force alors que le canot se rapproche.

A bord, le matelot trempé, appuyé sur le rebord, tend ses mains vers Jack le saisissant à bras le corps pour le faire basculer dans le fond de l’embarcation de sauvetage.

Rose glisse, s’enfonce dans la nuit noire, laissant échapper son amour.

Le désespoir gagne Jack.

Soudain, dans le noir, il aperçoit sa bien-aimée. Elle hurle dans la nuit glaciale, ses forces diminuent vite. Alors aidé du matelot qui le retient, Jack penché, dans un ultime effort de survie, parvient à saisir un bras;

Rose se sent aspirée, extirpée de ce magma froid, puissant, prêt à l’avaler.

Elle sent son corps transi basculer dans le vide, elle s’abandonne au néant.

Brusquement, le souffle chaud de son amant collé sur son visage la réveille.

Sauve, elle reprend vie. Jack la serre de plus belle contre lui.

Au fond de la chaloupe, arrimés l’un à l’autre, ils renaissent. Hébétés, transis, vivants.

L’embarcation dérive sur l’eau noire, dans un silence de glace.

Shushan Haroutunian, 15.07.23

La version de Pascale

Pascale est également guérisseuse, n’hésitez pas à visiter sa page. Elle se situe à Narbonne.

La version de Heïdi

‌13 avril 1912, sur le pont supérieur du Titanic :
« A l’arrivée du bateau, je m’enfuirai avec toi » dit Rose.
« C’est de la folie ! » répond Jack.
« Oui je sais c’est vraiment insensé, mais c’est pour ça que j’y crois. »

Les deux jeunes amoureux se sourient et s’embrassent alors passionnément. La nuit est très froide en cette fin d’hiver 1912. Le Titanic, surnommé l’insubmersible, continue sa traversée de l’Atlantique en direction de NY. Pas un souffle de vent et l’océan est d’un calme plat, un véritable lac comme le dit le capitaine Smith.

Soudain, le navire entre en collision avec un iceberg. Les dégâts sont trop importants pour espérer voir le bateau survivre. La suite ? Nous la connaissons : le Titanic se remplit d’eau, les soutes avant sont complètement innondées, ce qui entraîne la proue sous l’eau très rapidement. On voit les canots de sauvetage à la mer, on entend « Les femmes et les enfants d’abord ! », la panique s’empare du Titanic et de ses passagers. La proue coule, ce qui tire la poupe à la verticale et les deux parties du bateau se détachent. La proue se met à flotter comme un bouchon, se remplit d’eau, et sombre dans l’océan…

Jack et Rose se retrouvent à l’eau… Une eau glaciale. C’est un calvaire d’y être. Les poumons sont en feu. Comment faire pour survivre ? Les canots se sont éloignés pour ne pas être aspirés par le naufrage du vaisseau. Les jeunes amoureux nagent avec le peu de force qu’il leur reste. C’est la panique tout autour d’eux. Par miracle, Jack et Rose tombent sur une porte du bateau et ils parviennent tous deux à se hisser dessus. Leurs corps est désormais hors de l’eau. D’autres naufragés essaient d’y monter mais ce n’est pas possible, il n’y a de la place que pour deux. Pour se maintenir au chaud, ils s’enlacent. Autour d’eux, cela devient très vite silencieux. Jack et Rose survivent tant bien que mal en continuant à se parler, ils se stimulent l’un l’autre. Ils n’attendent qu’une chose : le retour des canots de sauvetage.

C’est le lieutenant Lowe et deux matelots qui arrivent enfin à proximité des amoureux. La seule chaloupe ayant décidée de revenir vers les naufragés pour espérer retrouver des personnes encore en vie. Jack et Rose lèvent leurs bras avec le peu de force qu’il leur reste pour signaler leurs présences. Monsieur Lowe les aperçoit et fait signe aux matelots de ramer en leur direction. La lumière de la lampe torche du lieutenant atteint le visage de Jack. Oui, ils sont sauvés. Oui, ils ont survécu. Oui, ils sont secourus. Les voilà maintenant dans le canot de sauvetage. On les recouvre immédiatement de couvertures. Les deux amoureux se regardent, se sourient, ils sont à bout de force mais on devine leur soulagement et leur satisfaction.

Le lendemain, le RMS Carpathia, le paquebot qui transporte tous les rescapés de cette incroyable tragédie, arrive à New York. La grande pomme était la destination finale du Titanic. Mais ce dernier est déjà au fond de l’Atlantique, à plus de 3800 mètres de profondeur. Il fut le théâtre d’une merveilleuse histoire d’amour naissante entre une jeune demoiselle de la haute société, Rose DeWiit Bukater, et un jeune artiste peintre, Jack Dawson, passager de troisième classe. Tous les opposait et pourtant tous les attirait. Les voilà désormais ensemble sur le quai de la Cunard Line, au pier 54, où le Carpathia débarque tous les passagers survivants.

Ils sont seuls au Monde malgré le tumulte autour d’eux. Rose regarde Jack et lui dit « Jack, je te l’avais dit qu’à l’arrivée du bateau, je m’enfuirais avec toi. Nous n’avions pas imaginé pareil scenario, mais nous voilà ensemble et je veux vivre ma vie à tes côtés. » Jack la regarde, lui sourit, prend son visage entre ses mains et l’embrasse tendrement.

La version de Marine

S’il y a un film qui m’obsède, c’est le Titanic. Et je ne suis pas la seule. Alors forcément, c’est une histoire sans fin. Parce que beaucoup de personnes font des documentaires, des recherches, réécrivent la fin de l’histoire, la fin du film…

Je pourrais rester des heures à regarder des vidéos sur le sujet sur YouTube. Parfois, même, j’en rêve. Et aujourd’hui, à quarante huit ans, je vais pouvoir réaliser mon rêve : aller voir de moi-même le lieu du naufrage.

Nous sommes une dizaine à avoir fait le voyage pour aller près de Terre-Neuve et a payer très cher pour pouvoir approcher l’épave. Cet immense insubmersible qui a failli dans sa mission. Et nous serions beaucoup plus si l’excursion était à un prix abordable.

Pourquoi tant de personnes se passionnent pour ce paquebot ? Est-ce pour le nombre de morts ? Est-ce que ces âmes perdues nous appellent ? Est-ce celle du bateau ? Il faudrait clore ce chapitre une fois pour toute, non ?

C’est le grand jour, et mon cœur se serre. Nous avons embarqué, deux amis se sont joints à moi. Le reste de l’équipage est briffé sur la tâche à accomplir. Notre cargaison prend une grande partie de l’embarcation. Est-ce dangereux ? Je ne sais pas. Mais tout le monde a accepté, sans poser plus de questions. Comme si nous savions déjà ce que nous devions faire. Une sorte de mission.

Nous nous sommes placés près de l’endroit où le Titanic repose, mais pas directement au dessus. Tout le monde a repris son souffle. Comme une sorte de prière silencieuse. Un moment pour repenser à toutes ses personnes qui ont perdu la vie, il y a encore quelques temps juste pour voir le Titanic à bord du Titan…

Et puis, nous avons commencé notre tâche, silencieusement. Chacun a pris une bougie, l’a allumé et déposé sur l’eau. Puis en a repris une. Sans empressement, avec la solennité, la gravité de la situation.

En déposant la dernière bougie, la mille cinq cent vingtième, j’ai repensé à Rose qui, dans le film dépose son collier dans l’eau et le regarde couler. J’ai pensé que celle-ci était pour le bateau, parce que lui aussi avait péri ce jour là.

La nuit commençait a tomber. Et c’était magnifique. Toutes ces bougies illuminant l’eau, leur reflet. Nous sommes restés plusieurs minutes encore, sans un mot. Quand soudain, nous avons vu un morceau de tôle remonter à la surface. Quand j’ai voulu demander à ce que l’on s’approche, mon ami m’a pris le bras et m’a montré un autre débris qui remontait.

Soudain, l’eau s’agitait et des milliers de morceaux de métal recouvraient la mer. Le Titanic était délivré.

Quelques mois plus tard, le Titanic a perdu de son attirance. J’y pense encore parfois mais ce n’est plus comme avant. C’est comme un fait historique, il fait partie du passé. Je suis comme lui aujourd’hui : délivré.

Conclusion

Shushan avait une consigne en plus pour travailler son style : ne pas utiliser les verbes “avoir” et “être” (sauf comme auxiliaires).

L’exercice a demandé de faire appel à notre mémoire, et pour ma part, l’évocation du collier par Pascale m’a inspiré pour mon récit. Finalement, travailler une fin permet d’avoir déjà une atmosphère, des personnages, une tonalité. C’est un avantage pour plonger directement dans l’écriture lors d’un atelier. Mais cela peut s’avérer bloquant si l’on veut absolument coller à la version originale. Il faut faire appel à sa mémoire !

Un bon exercice, à refaire !

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